L'acide rougit le chiendent

L'acide rougit le chiendent

L’homme a besoin d’idéaux, de personnages légendaires / mythologiques / emblématiques aux travers desquels se cristallise la projection fantasmée de ce qu’il pourrait être. Il a besoin de croire en le surhomme pour s’assumer en tant qu’homme, pour lutter contre la peur de la mort, l’incertitude de l’existence. L'homme a besoin de se projeter dans le mythe qui pourra l’éloigner de sa condition d’homme et ce, tout en codifiant son propre monde afin de réguler ses pulsions.


Une voix surgit: « Dans deux minutes un repos bien mérité »

Un possible pays, un possible Occident, d’un possible présent. Un monde où les lois et les décrets prolifèrent jour après jour. Un monde où rien n’est interdit, mais tout est obligatoire. Elle, Janey, immigrée. Elle tente d’exister, de trouver une place derrière son comptoir. Bousculée par les agents de la commission de répression, acculée par la négation de son passé, vouée à n’être qu’un niveau zéro. Que reste-t-il comme espace libre ?


La quête des origines

Nous sommes partie de là, de la recherche et de la nécessité des origines. Savoir d’où on vient pour se situer au monde. Faire le choix de ne pas bouger et de construire là où nous avons toujours vécu. Ne jamais sortir de son quartier, ou partir faire le grand voyage vers un Eldorado en pariant sur l'accueil de l'autre et se demander si on va pouvoir agir. À travers Janey nous questionnons l'immigration, ses possibilités et ses contraintes. Janey doit accepter des codes qui ne sont pas les siens. Doit-elle oublier ses origines pour autant ? La violence quotidienne la pousse à plonger dans le mythe pour y puiser de la force, pour y trouver une raison d’être, une réponse, une origine. Avons-nous besoin d'être porté par nos origines pour être au monde ou est-ce possible de vivre aujourd'hui dans l'absence d'appartenance ?


 Nous sommes partie de « lettres à sa fille » de Calamity Jane. Le grand Ouest les légendes certes, mais surtout l'histoire de cette Jean McCormick, cette personne qui un jour éprouve le besoin viscéral de se créer des racines, de s'inventer une mère, de s'approprier un passé en décrétant être la fille de Calamity Jane. Dans sa quête d'identité, Janey sollicitera les légendes du grand Ouest afin de questionner sa place. À travers les apparitions des légendes de l’Ouest, nous voulions parler du carcan social, de cette place que l’on a, que l’on se donne, que l’on nous donne et dont on ne peut se départir qu’au risque de ne plus exister pour les autres. Ne plus être où l’on nous attend, et de fait ne plus être. Nous voulions mettre en exergue la part cachée de chacun d’entre eux, l’endroit où tous ont dû faire des choix, des concessions sur eux-mêmes. Travailler sur la difficulté de la multiplicité de l’être. Travailler sur la part de légende que l’on porte. Nous avons choisi ces légendes avec le désir de s’écarter du super héros mais et de s'attacher à des destins de révoltes, des gens qui n'ont pas cherché à sortir du lot mais qui se sont inscrit dans une marginalité répondant à une nécessité de vie. Ce n'est pas tant leurs exploits qui nous intéressent que leur chemin de vie périlleux pour être au monde ce qu'ils ont décidé d'être. La présence des légendes dans L’acide rougit le chiendent ne fait que révéler l'incapacité de Janey à se situer dans sa propre vie. 


  • Écriture et mise en scène / Lauriane Goyet
  • Collaboration dramaturgie / Nama Boudoumi
  • Avec / Naéma Boudoumi - Ugo Gonzales - Lauriane Goyet - Nicolas Poli - Chloé Renaud - Jacques Trin
  • Scénographie - Costumes / Delphine Ciavaldini
  • Création musicale / Ceccè Guironnet
  • Régie / El Mekhi Arrhioui
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